Une belle leçon de pédagogie que m’a donné ma fille de 3 ans 1/2


Je ne sais pas s’il vous est déjà arrivé d’apprendre de vos enfants et vous retrouver ainsi dans la position de l’élève laissant celle de l’enseignant à votre progéniture. C’est ce qui m’est arrivé dernièrement. Je vais partager avec vous dans les lignes qui suivent, cette expérience déstabilisante mais oh combien enrichissante !

Depuis quelques semaines ma fille essayait de faire du roller alors que moi je trouvais que c’était trop tôt sachant que son frère en a fait beaucoup plus tard. Voici donc tous les principes que je connaissais en théorie mais que j’ai vraiment expérimentés grâce à ma louloute.

Chaque enfant est unique et va à son propre rythme

Le risque lorsque l’on a plusieurs enfants c’est de les comparer comme pour trouver un âge approximatif où les ils sont capables de faire telle ou telle activité. Si le grand fait du vélo à 5 ans, on pense inconsciemment que ce sera pareil pour la petite soeur alors que cette aptitude pourra être développée par cette dernière plus tôt ou tard.

Ma fille donc ayant compris que je n’étais pas trop favorable à son envie précoce de patiner s’est mise à en faire(avec les rollers de son frère de 8 ans!) souvent toute seule sans ma permission sur notre balcon, alors qu’elle rêvait de grands espaces histoire d’en faire pour de vrai. A mon grand étonnement, elle n’avait même pas peur de se faire mal ( je m’inquiétais plus qu’elle!) et quand il lui arrivait de tomber elle disait juste » c’est pas grave si je tombe je vais me relever ».

Au bout de 3 semaines de tentatives vaines, par un après midi ensoleillé elle me demande avec les rollers aux pieds alors que je lisais tranquillement un bouquin, si je lui fais confiance. J’avoue que je n’ai pas tout de suite saisis le fond de sa pensée, alors elle insiste:” si tu me fais confiance, je peux descendre dans le parc pour faire du roller parce que moi je suis grande ». Il faut dire que je n’ai pa pris sa demande au sérieux parce que je la comparais inconsciemment à son frère qui n’a eu l’occasion d’en faire que vers 6 ans. Venant de la bouche d’une petite fille de 3 ans, je me dis avec le recul qu’elle avait sacrément envie et était déterminée à faire du roller.

Très absorbée par mon livre, je n’ai pas trop fait attention et avant que je ne m’en rende compte, ma fille était descendue toute seule les rollers à main dans notre parc privatif par les escaliers (nous habitons au deuxième étage). J’ai dû me résoudre à la rejoindre en catastrophe et pratiquer avec ma fille le grand principe de la pédagogie Montessori c’est à dire l’aider à faire toute seule ses premiers pas de roller et goûter librement aux joies du patinage.

Un enfant est capable d’apprendre tout seul par son esprit absorbant

Je ne saurais décrire la joie sur son visage, la satisfaction d’avoir réussi à apprendre toute seule. Pourtant tous ceux qui font du roller savent très bien que cela ne s’improvise pas et je me souviens d’aileurs que mon grand a dû faire une journée d’initiation pour apprendre les bonnes techniques. Ma fille a quant à elle simplement observé son frère qui en faisait et a su apprendre par imitation sans que personne ne lui explique réellement la position de base par exemple, pour avoir une poussée efficace et éviter les chutes. (même s’il y en a eu quelques unes)

Ceci illustre bien un autre principe de la pédagogie de Maria Montessori, l’esprit absorbant qui constitue la capacité des enfants à “absorber” par leurs sens tout leur environnement sans aucun effort, ce qui leur permet d’apprendre facilement ce que nous adultes mettrions plus de temps à acquérir (en plus de façon fastidieuse la plupart du temps!)

Je me dis aujourd’hui heureusement que ma fille a du caractère, sinon j’aurais continué à lui dire non en attendant qu’elle soit plus grande, alors qu’elle se sentait capable et prête. J’imagine juste quel dommage cela aurait été si elle n’avait pas pris les devants malgré mes réticences. Une fois dans le parc, j’étais juste émerveillée de la voir aussi heureuse et confiante en patinant, mais en même temps confuse de ne lui avoir pas permis de chausser ses Rollers dès quelle en a fait la demande. Et oui on n’a jamais fini d’apprendre notre métier de parent pédagogue !

Faisons d’avantage confiance à nos champions

Cette expérience m’a aidée à prendre conscience qu’on a beau avoir étudié la pédagogie et même la pratiquer avec d’autres enfants, quand il s’agit de notre propre progéniture, il est plus difficile de les laisser « se débrouiller ou prendre des risques » alors qu’ils ne demandent que ça. C’est justement l’enfant qui sait le mieux le moment où il se sent prêt à s’essayer à de nouveaux apprentissages avec beaucoup de facilité, ce que le Docteur Montessori désigne par les périodes sensibles.
J’ai vraiment compris que même dans notre quotidien et pas seulement quand il s’agit d’apprentissages académiques nous devons écouter et surtout respecter le désir de nos enfants qui ont juste soif d’apprendre. Il nous faut donc en tant que parents, nous rendre disponibles pour les accompagner dans leurs élans de découvertes au lieu de les limiter au risque de les frustrer.

Parallèle avec l’éducation nationale

Cette situation m’amène à faire le parallèle avec les programmes de l’éducation nationale qui définissent ce que doivent apprendre les élèves en fonction de leur âge alors que toutes les recherches en sciences de développement humain nous prouvent que chaque enfant est unique et n’a pas les mêmes besoins ni capacités qu’un autre.

Cela me fait comparer la pédagogie classique à la restauration rapide type fast food où on propose à tous les clients le menu burger frites boissons, alors que dans un restaurant plus traditionnel on peut avoir un menu beaucoup plus personnalisé selon son humeur et ses envies. Je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que nous voulons le meilleur pour nos enfants:-)

L’école en imposant donc un seul programme à tous les élèves de même âge ne tient malheureusement pas compte des particularités de chacun, de ceux qui vont aller plus vite ou d’autres qui vont mettre plus de temps à comprendre une notion donnée. Cette standardisation de l’éducation est aussi accentuée, par les systèmes d’ évaluations qui sont malheureusement loin d’être bienveillants et valorisants. Les pédagogies alternatives notamment Montessori (que je considère personnellement comme la gastronomie de l’éducation:-) remédient bien à cette problématique en encourageant les élèves dès le bas âge à travailler pour leur satisfaction personnelle et une fois plus grands, en collaboration et non en compétition.

Conseil aux parents

Pour revenir à cette expérience d’apprentissage au quotidien, en tant que parents il nous faut avoir l’humilité de reconnaitre que nous ne savons pas toujours tout et que des fois nous aurons besoin de redevenir des élèves pour apprendre de nos enfants. En effet nos chers enfants savent mieux que nous ce dont ils ont besoin et surtout quand ils en ont besoin en fonction de leur développement. Nous devons donc continuellement faire un travail sur nous mêmes afin de ne pas constituer une entrave à leurs apprentissages libres et autonomes, mais au contraire faire suffisamment confiance à leur intelligence pour aider chacun à developper son potentiel au maximum.

Edwige de Passion Montessori.